Soeurs
Faire entrer ma sœur dans mon palais mental
Quel est ce lieu portant aux murs les traces de mes histoires, de mes blessures ; où je me sens protégée mais où le moindre faux pas peut amener à la destruction ?
Qui est cet autre avec qui, nu et sans fard, nous retrouvons une connivence enfantine; à se courir après, à se parler à travers les pièces, à se perdre, à se confier, à se consoler ?
Et si je n’avais conscience de moi que par ce regard ? Un regard qui a vécu la même histoire que moi.
Serait ce la clef de ce lieu où tout m’appartient mais où je ne contrôle rien ?
Car ensemble, nous pouvons nous défaire du poids de la société et jouer avec les lumières filtrées du dehors, devenant des souvenirs à partager, marquant nos peaux, soudant nos âmes, ma sœur, mon âme sœur.
Dans un mas provençal, où l’on voit transparaître des rayons de soleil, j’explore les liens fraternels et les correspondances conscientes ou inconscientes avec ma sœur.
Cette série picturale, très intérieure et poétique, quasi psychanalytique où les femmes deviennent vestales vient d’une volonté de resserrer des liens fraternels abimés.
Ainsi, le regard se retrouve projeté dans des jeux de résonnances entre deux corps différents mais liés par une magie inconsciente. Ces photographies évoquent une quête de l’autre et une quête de soi, où chacune s’approprie l’espace à sa manière dans un univers féérique enfantin sombre où des corps quasi statuaires dialoguent avec solennité et puissance.
« Sisters » fut une série longue à réaliser, avec une sœur très pudique, fragile mentalement et physiquement.
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Sisters
Letting my sister into my mental palace
What is this place in which the walls show traces of my stories, of my wounds; where I feel protected but where the slightest slip-up could lead to destruction? Who is this other with whom, naked and unadorned, we find a childish complicity; to chase after, to talk to each other from one room to the next, to lose oneself, to confide in oneanother, to console oneanother? And what if I was only aware of myself through those eyes? Eyes that have lived the same story as mine.
Would this be the key to this place where everything belongs to me but where I control nothing? Because here, together, we can get rid outselves of the weight of society and play with the filtered natural light, becoming memories to share, marking our skin, welding our souls, my sister, my soulmate.
In a provençal farmhouse, where sunbeams shine through, I explore fraternal bonds and conscious or unconscious connections with my sister. This pictorial series, very personal and poetic, almost psychoanalytical, where women become virtuous, comes from a desire to strengthen damaged sisterly bonds. For that reason, the refelctive mind games project the gaze between two bodies, distinct yet bound by an unknown magic. These photographs evoke a quest for the other and a quest for self, where each appropriates the space in its own way, in a dark, childish fairy world where almost statuary bodies speak with gravity and power.
“Sisters” was a long serie to create, with a very modest, mentally and physically fragile sister.